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Vol du canon de Saint-Lambert

Publie le 16/12/2018

Dans la nuit du 14 au 15 décembre, peu avant 2h du matin, le canon anti-aérien allemand FlaK 38 qui était exposé à Saint-Lambert-sur-Dive a été volé.

Ce canon antiaérien constitue une véritable relique, qui est restée pendant 69 ans sur les lieux mêmes où il fut mis hors de combat. Vestige de la bataille, il porte les stigmates de la violence des combats qui se sont produits dans la vallée de la Dives à la fin du mois d’août 1944

Contexte historique

Apres deux mois et demi de luttes consécutives au débarquement du 6 juin sur les côtes normandes, les troupes allemandes se retrouvent encerclées dans la poche de Falaise-Chambois. Près de 100 000 allemand appartenant à 12 divisions doivent livrer de violents combats pour échapper au piège que leur ont tendu les forces alliées.

Au sud les Américains et les Français, à l’ouest les Britanniques,  au nord les Canadiens encerclent les Allemands dans une vaste nasse que la division polonaise a fermée en se plaçant à l’est du dispositif.

Le 19 août l’armée allemande, dont le gros des forces s’était regroupé dans la forêt de Gouffern pour échapper aux raids meurtriers des chasseurs bombardiers alliés, s’élance dans un vaste mouvement visant à percer le dispositif et échapper ainsi à l’encerclement.

Sous un déluge d’artillerie, harcelés par une myriade d’avions, les Allemands se précipitent ver s les ponts et le gué qui permettent de franchir l’obstacle naturel que représente la Dives.

 Profitant du terrain, les alliés s’acharnent sur ces goulots d’étranglement. Saint-Lambert-sur-Dive compte deux des trois points de passage disponibles aux Allemands. L’artillerie, les chasseurs-bombardiers et l’infanterie canadienne maintiennent une pression constante sur ces deux points.

Les canons aériens sont alors la seule arme dont disposent les troupes du Reich pour tenir à distance l’aviation. En outre, ils n’hésitent pas à utiliser la forte puissance de feu que constitue le tir automatique des 20mm  pour tirer sur l’infanterie canadienne ainsi que les blindés et dégager ainsi les passages aux colonnes en repli

Une fois passé la Dives, les Allemands s’engagent dans le couloir de la mort, nom qu’eux-mêmes ont donné à ce couloir de 5 km qui les mène au pied de la colline tenue par les Polonais.

Grace à des attaques concentriques provenant de l’intérieur de la poche mais aussi de l’extérieur, les Allemands réussissent à ouvrir et maintenir deux brèches par lesquelles 50 000 d’entre eux vont réussir à s’exfiltrer jusqu’au midi du 21 aout. A cette date, Canadiens et Polonais réussissent à se rejoindre sur la commune de Coudehard et à fermer définitivement la poche : les Allemands ont perdu environ 50 000 hommes dont 10 000 tués et 40 000 prisonniers, ainsi qu’une quantité considérable de matériel dont 187 chars et plus de 1 000 canons dont un grand nombre de pièces de 20 mm.

Perdu pendant la bataille  ce canon appartenait à un convoi qui fut détruit avant d’avoir pu traverser la Dives. Il porte des impacts en de multiples endroits, ce qui reflète bien la violence des combats qui se sont déroulés dans la vallée. Resté pendant plus d’un demi-siècle dans une exploitation agricole, il avait été cédé à la commune de Saint-Lambert en 2012.

Spécifications

  • Type de canon : antiaérien
  • Dates de production : 1934-1945
  • Utilisé par l'Allemagne nazie, la Finlande
  • Fabricant : Rheinmetall-Borsig, Mauser
  • Nombre construit : plus de 144.000 (tous types confondu)
  • Variantes: 2 cm Flak 38, Gebirgsflak 38, 38 Flakvierling
  • Poids : 450 kg
  • Longueur : 4,08 m
  • Longueur du canon : 1,3 m  L/65
  • Largeur 1,81 m
  • Hauteur : 1,6 m
  • équipage : 7 hommes
  • Calibre : 20 mm
  • Elévation : -12 ° à ± 90 °
  • Champ : 360 °
  • Cadence de tir : 280-450 coups minute  120 - 180 (pratique)
  • Vitesse initiale : 900 m / s
  • Portée effective : 2 200 m
  • Alimentation chargeur : 20 coups

 

Toute personne ayant des informations pouvant permettre de retrouver cette pièce historique peut entrer en contact avec le Mémorial de Montormel ou directement avec la Gendarmerie. 

Stéphane Jonot