Il y a 70 ans débutait la Seconde Guerre mondiale

Mis en ligne: 2009-09-01

                      17 Septembre 1939: le château royal de Varsovie, en flammes après le bombardement allemand.

Le 1er Septembre 1939, sans déclaration de guerre, l’Allemagne lançait ses troupes à l’assaut de la Pologne, déclenchant une guerre dont l’ampleur et l’horreur allaient dépasser tout ce que le monde avait connu jusque là.

Wielun, détruite le matin du 1er Septembre 1939. Dès 4h40, la Luftwaffe lâchait ses premières bombes sur Wielun, paisible bourgade provinciale dénuée de tout intérêt militaire ou industriel. Ce premier bombardement d'objectifs civils causait la mort de 2.169 personnes et détruisait la ville à 75%. Cinq minutes plus tard, à 4:45, le cuirassé Schleswig-Holstein "en visite de courtoisie" à Gdansk tirait ses premières salves contre le dépôt militaire de Westerplatte.

Dans les heures suivantes, c'est 1,5 million de soldats, 9.000 canons, 2.500 chars et 2.000 avions qui déferlaient contre les défenses polonaises. Ces forces étaient rejointes à partir du 17 Septembre par celles de l'Union Soviétique, qui de son côté disposait en première ligne de 620.000 soldats, 4.700 chars, et 3.200 avions.

Face à l'alliance de ces deux totalitarismes, la Pologne ne pouvait opposer qu'un million de soldats, 2.800 canons, 500 chars et 400 avions.

                            Contre-attaque polonaise sur la Bzura: charge de la brigade de cavalerie "Wielkopolska".

Malgré quelques succès initiaux dans la défense des frontières, les défenses polonaises durent bousculées à partir du 3 Septembre. Le 8, les premiers blindés allemands arrivaient en vue de Varsovie mais étaient repoussés. La contre-attaque des armées polonaises "Poznan" et "Pomorze", à partir du 9, prit par surprise la 8e armée allemande, avant de s'enliser devant la supériorité matérielle, et notamment aérienne, des envahisseurs. Varsovie était encerclée le 14, et les pointes allemandes arrivaient devant Lwow le même jour.

Bydgoszcz, 9 Septembre 1939: exécution d'otages par des soldats
de la Wehrmacht. Contrairement aux mythes répandus après-
guerre en Allemagne qui cherchaient à imputer la responsabilité des
massacres aux seuls organes politiques nazis, la Wehrmacht s'est
rendue coupable entre le 1er septembre et le 26 octobre de 311
exécutions de masse.
L'invasion soviétique, le 17 Septembre, mit un terme à toute résistance organisée. Sur ordre du maréchal Rydz-Smigly, commandant en chef des forces polonaises, celles des unités qui le pouvaient devaient rejoindre la Roumanie et la Hongrie. Varsovie capitula le 28, la presqu'île de Hel le 2 octobre. Le dernier groupement de l'armée polonaise, le groupe autonome "Polesie", fut défait à la bataille de Kock et capitula le 6 octobre.

Dès le 9 Septembre, le 15e régiment d'infanterie (motorisé) de la 29e division avait exécuté quelques 300 prisonniers du 74e régiment d'infanterie polonais, suivis par de nombreux autres: le prélude d'une occupation barbare qui allait coûter à la Pologne 22% de sa population.


Profitons de cette commémoration pour évoquer deux mythes fréquemment véhiculés dans l’imaginaire occidental.

Premièrement, et contrairement aux images répandues par la propagande allemande malheureusement reprises à l’unisson par un trop grand nombre d’historiens, l’aviation polonaise n’a pas été détruite au sol "aux premières lueurs du 1er Septembre"1. Jusqu’au 14, malgré une flotte généralement obsolète et surtout numériquement inférieure, elle a pu affronter la Luftwaffe et lui infliger des pertes estimées à 230 appareils. Lorsque l’ordre d’évacuer vers la Roumanie tombe le 17 Septembre, c’est plus de 100 appareils qui passent la frontière.

Chars polonais 7TP à l'entrainement. Le 7TP était
doté d'un canon de 37 mm, plus puissant que ses
adversaires allemands.
Deuxième mythe : les Polonais n’ont pas non plus attaqué les chars allemands par des charges de cavalerie suicidaires. La doctrine militaire polonaise de 1939 précisait que "la cavalerie se déplace à cheval mais combat à pied". L’épisode ayant donné naissance à cette légende est la charge improvisée du 14e régiment de uhlans Jazlowiecki à Wolka Weglowa, le 19 Septembre, qui permit à ce régiment de rompre son encerclement en chargeant un groupement allemand. Les uhlans tombés lors de cette attaque ont été astucieusement mis en scène par les journalistes présents pour illustrer "l’archaïsme" polonais2. Par contre, l'armée polonaise disposait alors de chars 7TP3 et de canons AT de 37 mm, qui infligèrent des pertes inattendues à la Panzerwaffe.

Par contre, il faut aussi se rappeler que ne souhaitant pas "mourir pour Dantzig", les états-majors français et britannique ont décidé, dès le 12 Septembre 1939 à la conférence d’Abbeville4, de ne porter aucune assistance militaire à la Pologne. Après quelques démonstrations lancées sur la Sarre par les 3e et 4e Armées à partir du 7 Septembre, les troupes françaises se sont retirées et n’ont plus mené aucune action offensive, alors que l’immense majorité des divisions allemandes étaient engagées à l’est.

Moins de 7 mois plus tard, il leur faudra mourir qui pour la France, qui pour la Grande-Bretagne…


1 Voir Sir John Keegan, La Seconde Guerre mondiale. Une erreur aussi grossière est surprenante chez cet historien par ailleurs reconnu pour la qualité de ses travaux.

2 Cette manipulation influencera d'ailleurs toute une génération de Polonais, à l'instar du réalisateur Andrzej Wajda, qui dans son film Lotna (1959) met en scène des cavaliers polonais chargeant des chars.

3 Le 7TP fut le premier char de l'histoire à moteur diesel. L'armée polonaise en possédait 139 en 1939. Au total, si les Polonais possédaient alors bien moins de tanks que la Panzerwaffe, ils en avaient tout de même plus que... l'armée des Etats-Unis.

4 Par un ironique clin d'oeil de l'histoire, ce sont pourtant précisément des Polonais - la 1ère DB du Général Maczek - qui libéreront Abbeville le 3 Septembre 1944.

Jacques Wiacek



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