Sortie « vétérans » sur le champ de bataille

Mis en ligne: 2007-08-24

Jeep aux couleurs de la 2e DB Le 18 août, pas moins de 5 vétérans de la bataille de Normandie s’étaient donné rendez-vous au Mémorial de Montormel pour animer une sortie sur le champ de bataille destinée à une trentaine de passionnés. En plus d’un civil présent dans la poche au moment des combats étaient représentées les unités suivantes :

  • 2e SS PzD « Das Reich », regiment “Der Fuhrer”, panzergrenadier
  • 668e Pak Abteilung, pointeur sur canon Pak 88/43
  • 116e PzD (régiment I/24), radio sur char Panther
  • 1ère DB Polonaise, escadron d’état major de la 10e brigade de cavalerie, chauffeur sur Sherman

A 14h30, le cortège d’une dizaine de voitures – dont une jeep d’époque parfaitement restaurée – a pris la direction de la ferme Hennecourt, où le vétéran de la 2e SS-PzD a livré son témoignage de « malgré-nous » mosellan, enrôlé de force à l’âge de 17 ans dans l’armée allemande après trois années d’occupation marquées par les vexations et la misère quotidiennes. Après la contre-attaque « Lüttich » contre Mortain, il désertera vers les lignes alliées, sera fait prisonnier, puis intégrera les Forces Françaises Libres.

De son côté, le témoin civil des combats rappela le contexte dans lequel les réfugiés de la côte normande, fuyant les combats, avaient été évacués dans la vallée de la Dives, certains que ce lieu sans importance stratégique leur offrirait un asile certain. Devant l’intensification des combats, les sept occupants de la ferme s’étaient réfugiés dans un abri de 12 m2 où ils se sont cachés pendant les 3 jours d’affrontement.

Les vétérans, témoins des combats Aux abords de la ferme Mimbeville, le vétéran du 668e Pak Abteilung, pointeur du canon Pak 88/43 au moment des combats a raconté sa surprise de se retrouver nez à nez, le matin du 18 août 1944, avec une colonne de 30 chars du 10e PSK, unité de reconnaissance de la 1ère DB polonaise. Sa pièce encore attelée étant inutilisable, c’est caché dans le blé qu’il dut observer la progression des Polonais : « les balles sifflaient autour de moi. Je regardais avec surprise les sillons trainés dans le blé par les balles de mitrailleuses, tandis que les feuilles et branches, coupées net, me tombaient dessus ». Croyant la pièce abandonnée, les Cromwell polonais se contentèrent de la mitrailler, mais ce bref engagement endommagea la néanmoins une roue du canon. Remorqué jusqu’au manoir de Boisjos, le redoutable Pak 88/43 fut réparé à l’aide d’une roue prélevée sur un autre véhicule, mais notre témoin, également « malgré-nous » alsacien, sera fait prisonnier par les Polonais dès le lendemain.

L’étape suivante, en remontant du couloir de la mort, fut le carrefour de la Cour du Bosq, où le vétéran de la 116e PzD fit part de son expérience. Après avoir participé aux combats d’arrière-garde dans Argentan, le char et son équipage réussirent le 21 août à forcer la Dives au gué de Moissy et remontèrent le couloir de la mort au milieu du chaos général. Arrivés au carrefour de la Cour du Bosq, ils furent arrêtés par un officier SS, qui, pistolet au poing, leur ordonna de tenir la position. Ce n’est qu’au milieu de la nuit que le chef de char décidera de se remettre en route, et le Panther, bien qu’ayant encaissé un obus, parviendra à se faufiler au travers des lignes alliées et à sortir de la poche.

Sur le plateau de Boisjos, ce fut au tour du vétéran de la 1ère DB de prendre la parole. Au matin du 20 août 1944, il pilotait le char du capitaine Pierre Sévigny, observateur d’artillerie, qui dirigeait les salves du 4th Medium Gun canadien. Soudainement, les chars polonais furent surpris par un Panther qui détruisit rapidement 5 d’entre eux. Le capitaine Sévigny ne dut son salut qu’à la dextérité de son chauffeur, qui parvint à reculer le char jusqu’à l’orée du bois, d’où il put continuer à diriger la lutte, contribuant grandement à la défense des positions polonaises.

Au-delà des souvenirs personnels, cette sortie fut l’occasion de replonger dans l’ambiance des terribles journées d’août 1944. A travers les prises de position et les récits des vétérans, elle permit de réaliser avec le recul nécessaire l’importance des combats de la poche de Falaise dans la libération de l’Europe.



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