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Rencontre à Gdansk avec le maj. E. Popielinski

Publie le 19/12/2016

En août 2016, lors de l’inauguration de l’exposition permanente "les soldats polonais sur les fronts de la Seconde Guerre mondiale" le Mémorial de Montormel reçut la visite du major (rés.) Edmund Popieliński. Au cours de la cérémonie, M. Popieliński a proposé de donner au Mémorial quelques souvenirs de soldats qui ont combattu dans l'Armée populaire polonaise, sur le front est, pendant la seconde guerre mondiale. Cette tâche est désormais menée à bien. La rencontre avec M. Popieliński, qui s’est déroulée à Gdansk, fut également l'occasion de rappeler les temps difficiles de la guerre.

Edmund Popieliński est né le 30 octobre 1935, dans la région Polesie, près de Pinsk. Son père était un sous-officier de la gendarmerie militaire et a coopéré avec l’armée de l’intérieur AK pendant la guerre. Le frère aîné de son père, officier de la Police nationale, a été tué à Bykownia dans le cadre du massacre de Katyń.

Le 17 septembre 1939, l'armée soviétique envahit la Pologne. Malgré son jeune âge, Edmund Popieliński se souvient encore des paroles de son père, qui a déclaré que « c'est un grand danger parce que la Pologne périt à nouveau ». Il se souvient de l'apparition des Soviétiques et des mouvements incessants de leurs troupes, avec une quantité infinie de chars, à travers le village où il vivait avec sa famille. Les soldats de l'Armée rouge affirmaient qu'ils allaient «libérer leurs frères biélorusses et ukrainiens du joug polonais». 

« Dans un village voisin, les agitateurs politiques soviétiques réunirent les anciens propriétaires et leurs familles pour les désigner comme « ennemis du peuple » aux paysans des campagnes environnantes. Or, à la vue de ces soi-disant «exploiteurs», les paysans rassemblés constatèrent avec une certaine déception qu’il s’agissait de gens tout comme eux, et n'ont pas voulu croire que ces gens-là les exploitaient ou les persécutaient.  

Néanmoins, des arrestations et des déportations de citoyens polonais ont rapidement commencé. Il suffisait de calomnier quelqu'un en affirmant qu’il occupait une position officielle dans l'appareil d'état polonais pour que cette personne soit arrêtée et sa famille déportée en Sibérie ou au Kazakhstan. Très peu de déportés sont retournés en Pologne après la guerre ».

Les Allemands ont envahi l'URSS en 1941. Pendant l'occupation allemande, la famille d'Edmund Popieliński a été impliquée dans la résistance. En 1944, en tant que jeune enfant, Edmund transmettait en tant que messager des informations sur les troupes allemandes transportées vers l'Est: «J'ai dû passer au village voisin la phrase codée « les canards sauvages se sont envolés », ce qui signifiait l'arrivée des troupes allemandes à une gare dans la région de Pinsk. La signification du message ne pouvait être comprise que par le seul destinataire. 

En raison du passage du front à deux reprises, la pauvreté était terrible. Il y avait pénurie non seulement de nourriture, mais aussi de tout ce qui est nécessaire pour la vie quotidienne: savon, produits d’entretien, allumettes, chaussures, vêtements, etc ... Les impacts de la guerre ont été horribles ». 

Deux cousins d'Edmund ont été mobilisés en 1944 et intégrés au sein de la 2e Armée populaire polonaise. Ils ont survécu à la guerre et se sont installés près de Szczecin. Ils ont souvent raconté les horreurs de la guerre qu'ils ont vécue étant très jeunes. Edmund Popieliński se souvient encore: "Je me souviens de 1944, quand les soldats soviétiques sont arrivés. Ma mère a préparait le repas à l'un d'eux qui avait si était tellement fatigué qu’après avoir mangé, il a remercié ma mère en oubliant dans la maison son fusil et ses munitions. Je pense qu'il était fatigué de ses combats". 

Au cours de l'été 1944, les troubles se sont à nouveau intensifiés dans les territoires polonais de l'Est. Diverses organisations clandestines contestaient à la fois le système politique communiste et les frontières issues de l’après-Yalta. M. Edmund se souvient que "la politique faisait son entrée dans la guerre, ouvrant une longue et douloureuse période de combats fratricides. Le bon sens ne prévalait pas toujours et cédait trop souvent devant la force, la brutalité et le sang. Tous n’étaient pas prêts à participer à la reconstruction d’un pays pourtant totalement dévasté". 

Après la retraite des troupes allemandes et l'arrivée des Soviétiques, la famille Popieliński prit le chemin de l’exil vers l'ouest, où elle s'installa définitivement dans la région de Gdansk. Edmund Popieliński y termina son lycée, avant de poursuivre ses études à l'Université agricole de Varsovie. Après la guerre, il a coopéré avec des organisations indépendantistes et a été impliqué dans la perpétuation de la mémoire des «soldats maudits».

Après avoir rappelé ces souvenirs, M. Edmund Popieliński a remis au Mémorial de Montormel deux chargeurs pour mitraillette PPSh-41, un à tambour et l’autre en arc boîte. Ces deux pièces contribueront à illustrer l'histoire des soldats polonais qui combattirent sur le front est.

Jacques Wiacek