Focus

Où débarquer?

Publie le 29/06/2012

En 1940, une fois la France battue, Hitler cherchait à envahir la Grande-Bretagne à partir du Pas-de-Calais (opération Seelöwe), passage le plus court entre le continent et l'ïle britannique.

En 1942, les Anglos-Canadiens prenaient l'initiative de lancer un assaut ciblé contre un port français. Cette tentative qui devait s'avérer coûteuse visait le port de Dieppe (opération Jubilee).

Pourtant, le débarquement de Juin 1944 fut planifié en Basse Normandie, entre le Cotentin et l’embouchure de l’Orne. Plusieurs raisons ont conduit les Anglo-Saxons à cibler cette région, et il est intéressant de les évoquer rapidement.

Contourner le "mur de l'Atlantique"

Soldats allemands devant un canon du Mur de l'Atlantique. Tout d’abord, les Alliés recherchaient une faille dans le "Mur de l'Atlantique". En effet, les fortifications érigées par les Allemands tout le long des côtes françaises ne présentaient pas une densité homogène: fortifier de manière cohérente plusieurs milliers de kilomètres de littoral aurait été trop couteux pour une industrie allemande totalement tournée vers la production d'armement. Aussi, et contrairement aux affirmations de la propagande de Goebbels, seules les zones les plus menacées avaient été efficacement renforcées.

Or, Hitler et le haut commandement allemand s’attendaient à une invasion au niveau du Pas de Calais, qui présentait davantage d’objectifs stratégiques (ports en eau profonde, axes de pénétration vers l'Allemagne, proximité immédiate avec la Grande-Bretagne) et les Allemands avaient particulièrement renforcé ce secteur, négligeant quelque peu le littoral normand qui pour cette raison attira l'attention des planificateurs alliés.

Contrairement à ce que pensaient les Allemands, ceux-ci ne cherchaient pas à débarquer dans des secteurs à forte valeur stratégique. En effet, ils avaient tenté une opération de reconnaissance en force, sur le port de Dieppe, en 1942 (opération Jubilee). Cette « expérience de débarquement » avait coûté très cher aux troupes canadiennes - principales engagées dans l’opération - précisément parce que les défenses allemandes étaient très importantes à proximité des ports et autres objectifs stratégiques. Les alliés en avaient déduit à raison que le succès du débarquement passait par la surprise et le choix d’une zone sans intérêt stratégique. A l’inverse, les Allemands en concluaient à tord que les alliés tenteraient de débarquer près de ports...

Intérêt logistique

L'affaiblissement des capacités logistiques de la Wehrmacht était
l'une des priorités de l'aviation alliée. Ici, un raid sur un carrefour
routier à l'entrée d'Argentan. IWM C4407
Outre la relative faiblesse du mur de l'Atlantique, la Normandie présentait un intérêt logistique de part sa position naturelle. En effet, la région entre l’Orne et le Cotentin pouvait être facilement isolée du reste de la France: en coupant les ponts sur la Seine et sur la Loire, les alliés limiteraient les possibilités de ravitaillement de la région des combats en provenance su Sud et du Nord-Est. Pour se rendre en Normandie, les ravitaillements, troupes, et matériels allemands seraient obligés d’opérer des détours coûteux en temps...

Enfin, la dernière raison qui jouait en faveur de la Normandie était qu'elle représentaoit un compromis acceptable entre éloignement et proximité vis à vis de la Grande Bretagne: elle était suffisamment proche de la Grande-Bretagne pour permettre la rotation rapide des navires de débarquement et de transport, et suffisamment proche de l’Allemagne pour pouvoir espérer, une fois le front allemand enfoncé ou percé, déboucher rapidement aux frontières du IIIe Reich. En même temps, le front serait suffisamment loin de l’Allemagne pour allonger les lignes de ravitaillement de la Wehrmacht.