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Les Polonais libres

Publie le 29/06/2012

Après la campagne de Pologne, des dizaines de milliers de soldats et de civils polonais, marins, aviateurs, ingénieurs, traversèrent la frontière hongroise ou roumaine pour espérer continuer la lutte aux côtés de la France et du Royaume-Uni. Ils y furent internés dans des camps, mais la majorité parvint à rejoindre la France par les chemins les plus divers, s’attirant le surnom de « Touristes de Sikorski » de la part de Goebbels. Un aviateur parvint ainsi en Grande Bretagne avec l’hélice de son avion, dont il refusait obstinément de se séparer...

Immédiatement, le gouvernement polonais en exil commença l’organisation de nouvelles unités. Les Polonais combattirent ainsi à Narvik et tout au long de la campagne de France (Brigade motorisée légère, deux divisions de grenadiers, plusieurs escadrilles de chasse), puis gagnèrent la Grande-Bretagne.

A Londres, Sikorski réorganisa à nouveau l’aviation, l’armée de terre, et la marine. Les pilotes polonais s’illustrèrent notamment au cours de la bataille d’Angleterre (L’escadrille polonaise 303 était la plus efficace de toute la RAF : 110 appareils allemands abattus en moins d’un mois, avec un ratio pertes / victoires de 1 : 10 !). En 1942, les équipages polonais représentaient un cinquième des effectifs du bomber Command !

Dans les combats du désert occidental, les chasseurs des Carpates prirent part à la défense de Tobrouk en 1941. Plus tard, en plus de la 1ère DB engagée en Normandie, la 1ère Brigade de parachutistes participa aux difficiles combats d’Arnhem. De son côté, la marine comptait une vingtaine d’unités, qui s’illustrèrent dans la poursuite du Bismarck ou au cours du débarquement en Sicile.

Pilotes polonais de l'escadrille 303 A partir de 1941, l’Union Soviétique menacée par l’avancée allemande permit la libération des rares survivants polonais, qui avaient échappé aux camps de déportation ou n’avaient pas été assassinés à Katyn. Cet afflux de volontaires permit de constituer de nouvelles unités : ce fut l’armée d’Anders. Réorganisée au Proche-Orient, cette formation forte de plus de 200 000 hommes combattit ensuite à Monte-Cassino, où elle s’empara des ruines de l’abbaye, puis remonta toute la péninsule italienne pour finir la guerre à Bologne.

Au total, à la fin de la guerre, plus de 300 000 Polonais, dont la plupart avaient combattu depuis 1939, se trouvaient en exil à Londres. Leur récompense fut maigre : soucieux de complaire à Moscou, le gouvernement travailliste d’Attlee leur interdit de participer à la grande parade de la victoire, organisée à Londres. Certains de ceux qui restèrent en émigration furent privés de leur nationalité polonaise par les communistes au pouvoir à Varsovie, tandis que ceux qui rentraient étaient torturés et emprisonnés (comme Skalski, meilleur « As » de l’aviation polonaise).

Il est intéressant de noter que malgré la fin de la reconnaissance officielle accordée au gouvernement polonais en exil, les Britanniques se retournèrent vers ce dernier pour exiger le paiement des sommes dues au titre de l’utilisation du matériel militaire allié...