Sortie sur le champ de bataille: côte 262N

Mis en ligne: 2008-09-30

"Vous êtes ici à l'endroit où le 1er RB vient prendre position dans
l'après midi du 19 août..." En arrière plan, la vallée de la Dives.
Nous étions chanceux: après une saison estivale marquée par un mauvais temps récurrent, c'est sous un soleil radieux que la sortie a pu avoir lieu. Et les passionnés étaient au rendez-vous, puisque près de 70 personnes ont répondu présent à l'invitation. Notons tout de même qu'au delà des vétérans et autres passionnés locaux masculins, la sortie avait attiré une grande quantité de jeunes, de femmes, et de familles venues de la région parisienne, voire de l'étranger. De même, la diversité des questions posées a montré que les participants n'étaient pas tous membres d'un club élitiste de férus d'histoire militaire, mais "Monsieur et Madame tout le monde", venus par attrait pour l'histoire encore récente qui de sa famille, qui de sa région, qui d'un affrontement décisif pour l'histoire de l'Europe.

Du côté des vétérans, nous avons pu bénéficier une fois de plus des explications de M. Nicolas Fank, qui malgré la fatigue avait tenu à partager ses souvenirs. En outre, nous avons profité du témoignage de M. Halluin, réfugié à proximité du gué de Moissy au moment des combats. Tous deux nous ont raconté avec beaucoup d'émotion leur vécu au cours de ces quelques journées d'Août 1944.

A la Cour du Bosq, M. Fank témoigne. Après s'être rassemblés au mémorial vers 14h30, l'ensemble des participants a pris la direction du monument. A cet endroit, occupé par les chars du 1er RB dans l'après-midi du 19 août 1944, Stéphane Jonot a situé la poche de Falaise dans le contexte de la bataille de Normandie. Profitant du panorama ouvert sur toute la vallée de la Dives, il a rappelé les forces en présence et l'enjeu stratégique pour les belligérants.

La visite s'est poursuivie par un arrêt à la Cour du Bosq, carrefour par lequel transitaient lors des combats les troupes allemandes en retraite. Les témoignages de MM. Fank et Halluin ont été écoutés dans un silence imposant, leurs histoires respectives rappelant le petit "plus" de chance auquel ils devaient tous deux leur survie.

Enfin, le dernier point d'arrêt fut la "stèle des Polonais", au dessus du manoir de Boisjos: elle fut l'occasion de se remémorer la destruction éclair des 5 Shermans, surpris par la contre-attaque du Panther dirigé par Werner. Elle permit également d'expliquer comment, après s'être enfoncée entre les positions des 8e et 9e bataillons de chasseurs, la contre-attaque du 2e SS-PzKorps avait été enrayée avec les dernières munitions.

La stèle des Polonais: ici fut brisé l'élan du 2e SS-Pz.Korps. Les paroles du col. Stefanowicz - qui devaient s'avérer erronnées mais reflètent néanmoins la situation des défenseurs au soir du 20 août - impressionnèrent visiblement l'auditoire: « Messieurs. Tout est perdu. Je ne crois pas que les Canadiens parviendront à nous aider. Nous avons seulement 110 hommes encore valides, avec 50 cartouches par arme et 5 obus par char… Mais combattez jusqu’au bout ! Se rendre aux SS est inutile, vous le savez bien. Bonne chance - ce soir, nous mourrons pour la Pologne et pour la civilisation. Nous combattrons jusqu’au dernier peloton, puis ce sera chaque char pour soi, puis chaque homme pour soi ».

Après une longue séance de questions - réponses, c'est finalement peu avant 18h que se termina cette passionnante sortie. Merci à tous - organisateurs, vétérans, mais aussi tous ceux qui ont fait le déplacement - pour cette leçon d'histoire in situ.

A noter: Le programme des sorties sur champ de bataille pour 2009 est d'ores et déjà disponible auprès du Mémorial.

Jacques Wiacek




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