Focus

501e RCC (2)

Publie le 29/06/2012

12 août

La 2/501e rattachée au sous-groupement Putz

Le 12 août, le GTV toujours organisé en deux sous groupes part à 7h du matin avec comme mission de dépasser le GTD et de se diriger vers Sées et de s’en emparer le plus vite possible en contournant Alençon par l’est ou déborder Sées par l’est.

Le char KEREN se trouve toujours à l’endroit de sa destruction. A Sainte Paterne, une section de chars légers commandée par le S/Lt Despagnol est prélevée au sous groupement Putz (SGP) afin d’être mise a disposition du colonel Warabiot dans le but de renforcer la tête de la manœuvre. Le SGW est couvert à l’est par le peloton de reconnaissance il a pour itinéraire : Château d’Auterive, Essay, Sunois, Sées.

A 13h le SGW prend le contrôle de Sées sans rencontrer de résistance de la part des forces allemandes. Aussitôt l’ordre de pousser sur l’important nœud de communication d’Ecouché et de s’en emparer tombe, il faut également franchir l’Orne afin d’établir une solide tête de pont en direction de Montgaroult. C’est à ce moment là que la 2/501e RCC est prélevée pour être intégrée au SGP, ce qui prive le SG Warabiot de sa surdotation mais un groupe d’artillerie lourde de 155 de l’armée américaine assure la protection du GTV et par là-même celle des deux sous groupements sur l’itinéraire suivant : Sées, Mortrée, St Christophe, Ecouché.

Or, cet axe de progression se rapproche dangereusement de celui de la 5e DB US, qui progresse alors sur la RN 158, ce qui décide le colonel Warabiot à engager sa colonne sur de petits chemins difficiles mais praticables juste à l’ouest de l’axe emprunté par les blindés américains. Au passage, une rude discussion à lieu entre les différents chefs d’unité, chacun revendiquant la RN158.

Les Français traversent les villages de St Laurent du Hamel, Belfonds, Montmérrée, sans grande résistance de la part des Allemands. En cours de route ils rencontrent un membre des FFI, le capitaine Denormandie, qui connaît parfaitement la région et grâce à son aide la progression se déroule sans encombres et permet de dégager à plusieurs reprises la colonne blindée US qui se trouve accrochée par des armes anti-chars. Mais une fois à Vieux-Bourg prés de Montmérrée, un canon anti-char allemand dissimulé dans les bosquets à droite de la route, au bois des brousses, n’est pas décelé par le char de tête « Keren ». La sanction est immédiate : le char est touché par un obus de 75 en pleine tourelle, et le bilan est lourd : 3 tués (sergent Brediger, caporal Omnes, chasseur de première classe Tubert). Aussitôt des grenadiers allemands sortent comme des diables des bois qui bordent l’est de la route et se lancent à l’assaut contre les hommes de la 2e DB.

L’impact de l’obus allemand dans la tourelle du KEREN. La section du Lt. Galley se déploie alors sur les ordres du commandant Delepierre pour nettoyer le terrain ; à son tour, la 1ère section du S/Lt Touny progresse à défilement de tourelle, de l’autre côté de la crête à l’est de l’axe de progression et détruit rapidement un char Panther et un canon d’artillerie avec son tracteur (I/24 PzR, 116e Pz-D). La contre attaque de l’infanterie allemande échoue rapidement dans le sang, et la progression des unités blindées peut continuer notamment pour les Américains bloqués une nouvelle fois sur la RN 158. Lors de cette embuscade, le commandant Delepierre a été grièvement blessé, la bataille de Normandie s’arrête ici pour lui.

La 1/501e RCC avec le sous-groupement Warabiot

Le SGW atteint maintenant St Christophe de Jajolet et s’engage sur le chemin communal 19 en direction d’Ecouché lorsque les tankistes de la 2e DB aperçoivent une longue colonne de camions et de semi-chenillés couverts de branchages et de poussière qui reflue vers Ecouché et Argentan. Aussitôt, le capitaine Buis commandant la 1/501e RCC déploie largement ses blindés dans la plaine, et prend à partie les troupes allemandes tentant d’échapper à l’encerclement qui se dessine. En quelques minutes c’est un véritable carnage : au moins cinquante véhicules de tous types sont détruits et brûlent, d’autres sont abandonnés par les équipages paniqués qui tentent désespérément de se sauver et sont mitraillés sans merci par les armes de bord. La 1/501e se rue à la charge et atteint la route Argentan-Bouché par le village de Fleuré où elle surprend à nouveau une colonne de la Wehrmacht en pleine retraite et la disloque en quelques minutes sur la route Ecouché-Argentan.

La curée s’arrête avec la tombée de la nuit, il n’est plus possible de décompter les pertes allemandes tant elles sont importantes, les routes sont encombrées d’amas de ferraille déchiquetée dont la plupart sont la proie des flammes, d’équipements, de caisses de munitions éventrées et de cadavres mutilés. Le colonel Warabiot décide de s’installer en position défensive, au N-E de Lucé sur les rebords du plateau, et ne souhaite pas reprendre la progression avant le levée du jour, ce qui est une aubaine pour les troupes allemandes qui en profitent pour s’échapper de la nasse qui se referme progressivement…

Pendant la nuit, les canons anti-chars du RMT parviennent à détruire deux véhicules de reconnaissance de la 116ème Pz-D venant d’Argentan qui tentaient de trouver les positions des forces alliées au carrefour nord de Fleuré.

La 2/501e se porte sur la Croix de Médavi

Le char MONTMIRAIL, qui prit part aux combats en direction de la
croix de Médavi. Il est ici photographié au Bois de Boulogne, après
la libération de Paris, où il fut d'ailleurs l'un des trois premiers chars
à pénétrer. © Copyright 2000 Gaston Eve
De son côté, le 12 août vers 13h, la 2/501e RCC rattachée au SGP reçoit l’ordre de tenir les carrefours qui se trouvent aux arrières. Néanmoins, une section est détachée avec une section d’infanterie vers Alençon jusqu’au carrefour de la croix de Médavi à la rencontre du détachement Roumainzoff qui progresse vers le Nord et dont la radio étrangement silencieuse inquiète le P.C de la division.

A 18h45 le général Leclerc donne personnellement l’ordre au SGP de se rendre au carrefour de la croix de Médavi par la RC26 dans le but de dégager la colonne Roumainzoff. Le dispositif d’attaque de la compagnie s’organise rapidement : en tête, deux chars de la 3ème section (l’« Elchingen » ouvre la marche suivi par le « Wagram »), le char du commandant d’unité (CDU), le char-obusier de 105, et trois chars de la 3ème section. Entre les chars de tête viennent se positionner des half-tracks du RMT chargés d’infanterie, les arrières du convois sont assurés quant à eux par une section d’infanterie et les 1ère et 2ème section de la 2/501e.

La colonne progresse sans rencontrer de résistance quand soudain, à 19h30, à 50 mètres du carrefour de la croix de Médavi, l’ « Elchingen » reçoit simultanément trois obus qui le percent et le mettent en flamme. Le « Wagram » ne peut riposter, son équipage étant gêné par les fantassins du RMT qui ont arrêtés leur semi-chenillé afin de se déployer en formation de combat.

Après reconnaissance, un adjudant des marsouins rapporte la présence d’au moins un char Panther et certainement plusieurs autres qui viennent de quitter le carrefour. L’infanterie part le nettoyer, et il est 20h quand la progression peut reprendre. Le char « Essling » prend cette fois la tête de la colonne, protégé par l’infanterie. Un bref engagement a alors lieu, l’« Essling » en sort vainqueur et cède sa place au « Wagram ». Tandis que la progression reprend, une volée d’obus vient encadrer le char de tête, qui par miracle n’est pas touché. Le CDU met pied à terre et ordonne au « Wagram » de stopper son avancée. Il avance ensuite à pied jusqu’au virage ou un abattit obstrue la route. Il a juste le temps d’apercevoir la chenille d’un char ennemi camouflé par des branchages à 30 mètres de lui. Détonation sèche. Un obus lui effleure le casque. Immédiatement, le Wagram ouvre le feu au hasard, car il n’a pas aperçu le blindé allemand qui riposte dans les mêmes conditions. L’infanterie tente de déborder le panzer afin de le réduire au silence à l’aide d’un bazooka, sans plus de succès. Finalement, à 21h15, le char ennemi se replie pour se positionner un peu plus loin.

Le Montereau détruit en forêt d'Ecouves. La compagnie se réorganise alors : le « Montereau », suivi du « Montmirail » et de l’« Austerlitz » passent en tête. Afin de ne plus tomber dans des embuscades anti-chars, l’infanterie est projetée en avant des blindés. La marche reprend, mais à l’instant où le « Montereau » dépasse la carcasse en flamme de l’auto-mitrailleuse allemande détruite par l’ « Essling », il reçoit deux obus de 75 tirés à très courte distance, qui blessent très grièvement l’aide pilote Wicinsky. Le chef de char, le Sergent Jamette, constate que sa tourelle est intacte est tire 5 obus dans la direction des tirs ennemis sans pour autant apercevoir de blindés. Le char est désormais la proie des flammes, et le sergent décide de l’abandonner alors que l’infanterie ennemie se rapproche. Il tente alors de sortir l’aide pilote mais, un troisième obus perce à nouveau le char pulvérisant le blessé. Jamette doit alors dans un bref combat au corps à corps utiliser son pistolet pour se dégager des grenadiers qui tentent de le capturer.

Dans le même temps le lieutenant Michard se rapproche. Il engage le feu avec un char ennemi afin de dégager ses camarades. Un obus perforant atteint le haut de sa tourelle, le blessant à la tête. Il parvient toutefois à regrouper sa section au carrefour de la croix de Médavi selon les ordres de son CDU. Il est 22h.

La 3/501e RCC en reconnaissance sur Le Cercueil, La Belliere, Avoine

Il est 19h ce 12 août 1944 lorsqu’une patrouille de reconnaissance se forme dans la forêt d’Ecouves, au PC du général Leclerc. Elle se compose d’une section de chars moyens, d’une section de chars légers et d’un peloton de reconnaissance, placés sous les ordres du capitaine Branet commandant la 3/501e RCC. Sa mission : reconnaître l’itinéraire Le Cercueil, La Belliere, Francheville, Boucé, Avoine et déterminer la présence et les positions de l’ennemi en ces points.

La reconnaissance débute à 20h15. Elle gagne sans difficultés Le Cercueil, mais à 21h, à la Haute-Belliere, elle est confrontée à deux formations sanitaires allemandes en retraite. Après un léger accrochage dans lequel un officier Waffen SS est tué, 200 à 230 prisonniers sont capturés dont plusieurs officiers. Au butin figurent également 20 véhicules auto et hippomobiles, tous en très bon état, ce qui oblige le chef de la patrouille à laisser le Lt. Davieux avec un char léger et une jeep afin de ramener les prisonniers au PC de division. Le lieutenant distribue également 51 chevaux et 80 bicyclettes aux habitants de Bélliere.

La reconnaissance poursuit sa route entre les villages de La Bellière et Franceville. Elle se heurte à un groupe de véhicules de reconnaissance camouflés dans les taillis. Ils appartiennent au SS-Panzer aufklarung Abt I, c'est-à-dire le bataillon de reconnaissance de la 1ère division SS Adolf Hitler, commandé par le colonel Knittel. Les M8 tirent quelques obus de 37mm qui surprennent les équipages de la Waffen SS. Un officier ainsi que quinze hommes sont capturés et envoyés à La Bellière, rejoindre les autres prisonniers. Les Français ne prennent même pas le temps de détruire les véhicules ennemis tant ils savent que la rapidité d’action est leur meilleur atout.

Convoi blindé allemand détruit en pleine retraite. A 22h, le groupe de reconnaissance est dans Franceville où il surprend un convoi allemand. Le premier M8 met en feu les deux voitures de tête à l’aide de quelques obus de 37 mm et le reste de la colonne est pris sous le feu du groupe Branet. Ce convoi allemand est composé de plusieurs tracteurs d’artillerie, de camions transportant de l’essence, d’un camion atelier, et de 25 autres véhicules de la 116ème PzD. Il réparait et ravitaillait plusieurs chars de cette même unité qui, à l’affut, attendent ce précieux convoi.

Mais les chars de la 2e DB sont sur la route Bellière-Francheville et ils dominent les blindés allemands : après un court échange, les équipages de quatre Panther se rendent. Ils sont du II/Pz-Rgt 16 (116e PzD).

Une fois la nuit tombée, la reconnaissance se regroupe dans Francheville, d’où les chasseurs entendent les ronflements de chars allemands qui tentent de fuir vers l’est. Le S-Lt Herry repart avec une jeep en direction du PC avec à son bord les renseignements recueillis et un officier capturé parmi les équipages de chars (les autres prisonniers sont enfermés dans une grange). En chemin, il est pris dans une colonne allemande en marche, et fait plusieurs kilomètres au milieu des voitures couvertes de branchages sans éveiller de soupçons, l’officier de panzer quant à lui ne tente pas de s’enfuir, se qui dénote son moral bien bas…

Le S-Lt Herry est de retour à Francheville à 4h du matin. Dès le lever du jour, le groupe part pour Douce, non sans avoir au préalable dégagé la route des multiples épaves qui la jonchent.

A venir: la capture d'Ecouché


Fréderic Normand


Pour davantage d'informations sur le 501e RCC:

http://web.me.com/olivier_froissant/501/Preface.html