Focus

501e RCC (3)

Publie le 29/06/2012

13 août

Le groupement Granet en reconnaissance

Le Capitaine Jacques Granet. Il s'évade le 27 mars
1941 d’un Oflag et gagne la Lituanie où le NKVD
l’enferme trois mois comme espion. Ce n’est qu’à la
faveur de l’offensive allemande contre l’URSS qu’il
parvient à rejoindre la Grande-Bretagne avec 185
camarades, emmenés par le capitaine Billotte,
© Ordre de la Libération
Il est 8h30, ce 13 août, quand l’avant-garde du groupe de reconnaissance Branet (3/501e RCC) entre dans Douce et détruit trois camions allemand puis redescend sur la route de Carrouges, sortie Sud de un groupe de Bouce canons automoteurs allemands prend à partie le char léger M8 de tête et le détruit d’un coup au but. Les blindés légers de reconnaissance s’éparpillent et tente de trouver un abri, les chars de combats du 501 viennent maintenant engager le combat contre les auto-moteurs en quelques minutes, un auto-moteur et trois auto-mitrailleuses sont détruits, les autres prennent la fuite, les cavaliers feront quelques prisonniers, une dizaine tout au plus.

Dans Bouce, les véhicules allemands arrivent en trombe, ils arrivent par toutes les routes de l’Ouest, surtout celle de Rânes, les chars français sont bien embusqués et les accueillent à coups de canons, une fois de plus les pertes sont lourdes du côté allemand, mais malgré tout certains panzer-grenadier de la 1ère division de SS parviennent aux abords du village. Les équipages se battent également à l’arme de poing. Un chef de char tue avec son pistolet un officier de la waffen SS qui le mitraille à bout portant. Le calme revient petit à petit ainsi qu’un renfort de trois chars moyens qui arrivent de Francheville avec à leur tête le Lt. Benard qui a reçu pour ordre, de se mettre en liaison avec le GTV. A leur tour trois chars légers partent reconnaître Fleuré par la route d’Argentan, ils rencontrent deux panzer IV abandonnés au bord de la route par leurs équipages qui ne pouvaient continuer leur repli faute de carburant, ils tirent quelques obus à tout hasard et continuent la progression jusqu’à Fleuré où ils rencontrent le GTV.

La reconnaissance repart et entre dans Ecouché, elle détruit de plusieurs coups au but de shermans un canon d’artillerie tractant un 105, et tue les 12 servants qui n’ont pas réussi à fuir à temps. Ce fût le sort réservé a beaucoup d’autres artilleurs en ces terribles journées de la mi-août 1944.

Au total sur une reconnaissance de 25 à 30 kilomètres, le groupe de reconnaissance du Capitaine Branet a capturé 275 prisonniers dont six officiers, 20 véhicules hippomobiles et automobiles capturés intactes, elle a également permis la destruction de 25 véhicules de tous genres voitures, camions, 7 auto-mitrailleuses ou véhicules de reconnaissance, un canon de 75 auto moteur détruit, 7 panzer IV et 4 chars panther immobilisés, 3 pieces d’artillerie détruites dont un canon de 105, et enfin de panzer IV abandonnés sur la route de Fleuré-Boucé.

Le groupement Warabiot sur Ecouché

Vue aérienne d'Ecouché. On apperçoit en bas la ligne de chemin
de fer. La photo montre les dégâts dus aux bombardements.
© Archives Normandie / NARA
C’est également dès le lever du jour que le colonel Warabiot décide de prendre Ecouché par surprise car il sait la bourgade fortement occupée. Sa manœuvre réussit parfaitement, la surprise est totale dans les rangs allemands et, c’est encore la 1/501e qui attaque en tête avec la section du Ss-Lt Malin qui prend d’une lancée le centre du village et son carrefour central. Elle hache pendant cette attaque des éléments de la 116e PzD qui retraitent et détruit une dizaine de camions et de semi-chenillés. Les survivants tentent d’échapper à la destruction dans une pagaille provoquée une fois de plus par la fatigue et la terreur des équipages qui ne disposent alors d’aucun appui blindé.

Pendant ce temps, les sections Touny et Galley se déploient au nord de la voie ferrée pour aborder les lisières à l’est d’Ecouché et prennent sous leurs feux les différentes colonnes ennemies qui, surprises de la soudaineté de l’attaque, s’enfuient malgré la présence rassurante de panzers vers Montgaroult en laissant derrière eux de nombreux véhicules détruits et de nouveaux tués.

La section Galley est rappelée dans le village avec pour ordres de passer le pont qui enjambe la rivière Orne, mais les consignes sont données de manière à ce qu’une fois le premier char passé, celui-ci ne s’engage pas au-delà du carrefour nord d’Ecouché qui est pris en enfilade par un char allemand embusqué sur la route de Mongaroult. Dès l’arrivée des fantassins du III/RMT au carrefour, le char tire un obus qui blesse très grièvement un fantassin de la compagnie Dronne (9/RMT). Mais le Panther a tiré trop tôt et a dévoilé sa position : il est aussitôt pris à partie par un obusier de l’escadron de reconnaissance du 1er RMSM qui, placé judicieusement par son chef aux abords du pont, décoche un obus en pleine tourelle du char allemand. Malgré ce coup au but, le Panther parvient à se dégager et à rompre le combat. La voie est maintenant libre et la section Galley peut se porter au-delà du carrefour pour établir avec une section de la 9/RMT une solide tête de pont face à Montgaroult.

Le Commandant Joseph Putz. Vétéran de la Guerre
de 14-18 et de la guerre d'Espagne, blessé à trois
reprises, il est à la tête du 3e bataillon du Régiment
de Marche du Tchad. © Ordre de la Libération
La section Malin est placée face à l’ouest sur la route de Briouze après le passage à niveau où la résistance des grenadiers allemands reste acharnée, l’effet de surprise ne joue plus et les défenseurs (environ 55 hommes) accueillent les fantassins de la 2e DB appuyés par les Sherman de la 1/501e par un feu d’armes automatiques, de mortiers et de grenades. Les marsouins nettoient complètement cette zone en ne faisant pas de prisonniers.

Au même moment, un nouveau convoi de quarante camions et semi-chenillés venant de Briouze est détruit aux abords du village, les véhicules camouflés avec des branchages sont mis en flammes, certains sur la route, d’autres dans les fossés et quelques uns dans les champs Aux explosions des obus des chars français succèdent les explosions des munitions transportées, et, d’énormes panaches de fumée noire indiquent bientôt de manière lugubre l’emplacement de l’engagement.

Le groupe de combat se porte alors un peu plus en avant, au carrefour de la route de Briouze et de Seray ou il constitue un solide bouchon devant lequel tous les assauts des troupes allemandes venant de Rânes et de Briouze viendront se briser pendant 5 jours. C’est à cet endroit qu’est tué le capitaine Denormandie alors qu’il chargeait à la tête des fantassins de la 9/RMT.

A l’état major de la 2e DB, on comprend que cette position vient de couper en deux la ligne de retraite de la 116e PzD dont le plan vient d’être trouvé sur un officier capturé. Les pertes en hommes et en matériels de cette panzer-division vont dès lors atteindre des niveaux très importants.

Le sous-groupement Putz et la colonne Roumainzoff se rejoignent

Du côté du SGP, les équipages du 2/501e RCC passent une nuit sans alerte. Les pleins des véhicules sont effectués et à 7h du matin, la progression reprend, c’est l’aspirant Lacoste (chef de la 2e section) qui ouvre la route… à pied, en communiquant par signaux avec ses chars pour les faire avancer quand la voie est dégagée.

Le Lt-Colonel Roumainzoff. D'origine Russe, il est
contraint d'émigrer à la révolution d'Octobre. Il
rejoint De Gaulle en Décembre 1941.
© Ordre de la Libération
A 9h, le contact est enfin établi avec la tête de la colonne Roumainzoff sans qu’aucun élément ennemi ne soit décelé. La compagnie se regroupe alors à 300m au sud de la croix de Médavi, ou elle attend jusqu’à 12h, moment où elle reçoit l’ordre de se mettre à la disposition du général commandant la 2e DB, avec pour mission de verrouiller la route Boucé-Argentan.

Les affrontements autour de la croix de Médavi se concluent à l’avantage des Français : ces derniers déplorent trois morts, cinq blessés et deux chars détruits mais les Allemands laissent quant à eux sur le terrain deux auto-mitrailleuses, deux tracteurs d’artillerie chenillés, plusieurs véhicules dont un tracteur et son canon de 210.

Malgré tout, les hommes de la Wehrmacht ont réussi à évacuer à la faveur de la nuit une colonne de quinze chars dont plusieurs mis hors d’état à la suite de l’engagement, d’après les informations recueillies auprès de prisonniers, qui affirment également que le carrefour était tenu par deux Panther et au moins six panzer IV.


14 et 15 Août

Le colonel Warabiot est rejoint à Ecouché par le commandant Putz. L'organisation de la défense du village contre les contre-attaques allemandes encore vigoureuses est confiée au groupement qui doit subir des attaques jusqu'au 17 Août. Ses assauts sont brisés par les chars et les fantassins de la Compagnie Dronne (9/RMT) qui sont placés aux deux issues du village. Des véhicules et trois chars ennemis ainsi qu'un char de la 2e DB, le Massouah, sont détruits. Un Panzer IV est capturé en état de marche mais trois soldats sont blessés par un canon de 88.

Le commando GTV décide de monter une opération nettoyage avec le groupement d'attaque qui se trouve à la lisière de Loucé . Ils attaqueront Joué du Plain et remonteront au nord pour enlever les broussailles où se trouvent des SS cachés. L'opération se déroula bien que faisant un mort, le sergent Moralès et deux blessés du commando GTV.

16 et 17 Août

Le Gen. Leclerc avec l'équipage du Sherman Auerstaedt, le 17 Août
1944. De gauche à droite: Bernard Gagneux (radio-chargeur),
Raymond Legrand (tireur), Robert Le Gall (aide pilote), René Perrot
(pilote). © Archives Normandie / NARA
La journée du 16 août est plus calme pour le régiment qui se contente de repousser les différentes tentatives de percée des Allemands. Les positions restent les mêmes, hormis quelques éléments de la 3/501 qui parviennent à franchir l’Orne en aval d’Ecouché. La nuit est quant à elle marquée par une succession de duels d’artillerie violents entre les kanonier et les artilleurs. Au petit matin commence le nettoyage des abords de Joué-du-plain et, au nord de cette localité, le contact est établit avec les forces américaines qui viennent de s’emparer du château de la Motte.

Le 17 août en fin de journée, la liaison est établie avec d’une part la 3e DB US sur la route de Briouze et d’autre part avec la 11e DB britannique qui arrive quant à elle de Flers. Le 19, cette unité britannique attaque Montgaroult avec pour base de départ Ecouché, tandis qu’une autre de ses colonnes file sur Putanges.

Le lendemain Argentan tombe, ce qui soulage énormément les troupes françaises positionnées à Ecouché. La mission de défense d’Ecouché peut d’ailleurs être considérée comme terminée, marquant la fin des combats pour le 501e RCC en Normandie. Le bilan des combats du 12 au 19 août est de 16 tués et de 23 blessés. Dans quelques jours, les équipages pourront savourer la récompense suprême : la libération de Paris.

Conclusion

Nous pouvons donc dire que dans le rôle de cisaille joué par la 2e DB, le 501e RCC a été à l’instar des autres formations blindées un des éléments prépondérants à la bonne exécution de cette manœuvre pourtant délicate. Sa capacité à se mouvoir rapidement, alliée à sa puissance de feu, a permis d’engager l’ennemi et de le détruire dans la plupart des cas dès les premières minutes de combat. L’engagement du régiment en fractionné a également été déterminant, les deux sous-groupements alliant petits groupes blindés mélangés à de l’infanterie s’étant avérés redoutables par leur vitesse de déplacement. L’appui des chars leur a également permis de verrouiller certains points stratégiques et éviter ainsi d’être coupés des bases arrières. La 116e PzD a payé au prix fort le succès de cette tactique, puisque ses lignes de repli coupées en deux ont empêché la majorité des éléments restés à l’ouest d’Ecouché de se retirer en bon ordre.

Le Sherman "Massouah" appartenait à la 1ère compagnie du 501e
RCC. Il est exposé à l'endroit même de sa destruction le 15 Août,
par un tir de char allemand,
Quant à la polémique lancée par les Américains, visant à rejeter la responsabilité de leur échec devant Argentan en prétextant que le groupement Billote a emprunté la RN 158, (ce qui leur aurait fait perdre beaucoup de temps) elle oublie que les soldats de la 2e DB leur ont permis de faire sauter le bouchon de Mortrée tenu solidement par les hommes de la 116e PzD. Et c’est à Mortrée que les Américains ont perdu de précieuses heures en se retirant de la localité afin de faire donner leur artillerie pour « attendrir » les défenses allemandes, et relancer une nouvelle attaque, cette fois ci victorieuse…

Frédéric Normand


Pour en savoir plus sur le 501e RCC:

http://web.me.com/olivier_froissant/501/Preface.html